Dans la course aux élections sénatoriales, gouvernementales et vice-gouvernementales en République démocratique du Congo (RDC), certains candidats potentiels ont commencé à distribuer de l’argent aux députés provinciaux dans le but d’acheter leurs votes. Ces députés sont considérés comme des grands électeurs lors de ces scrutins indirects. Cette pratique de corruption a été vivement dénoncée par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), chargée de l’organisation des élections en RDC.
Une situation qui préoccupe grandement les acteurs socio-politiques congolais. Luc Lutala, coordinateur national de la Synergie des missions d’observation citoyenne des élections en RDC (Symocel), souligne l’urgence pour les législateurs de prendre des mesures afin de réformer le processus électoral.
Lors d’une conférence de presse tenue à Kinshasa, Luc Lutala a déclaré : « La Symocel a observé attentivement les dépôts de candidatures pour les élections des sénateurs et des gouverneurs, qui en sont encore au stade de la réception et du traitement. Cependant, nous avons déjà recueilli d’importantes dénonciations de corruption, au point que la CENI elle-même a alerté l’opinion publique dans un communiqué de presse, mettant en garde contre des pratiques de trafic d’influence et de corruption impliquant les grands électeurs. La CENI se réserve même le droit de saisir les instances judiciaires pour les cas de corruption. Il est donc grand temps pour les législateurs de prendre conscience de ces abus et de réformer la loi électorale ainsi que certaines dispositions de la constitution en passant du scrutin indirect au scrutin direct ».
Luc Lutala insiste également sur la nécessité d’une action judiciaire pour éviter de discréditer davantage le processus électoral, déjà critiqué par certaines parties.
Il souligne que les cours et tribunaux doivent engager des poursuites contre toutes les personnes impliquées dans ces actes de corruption afin de décourager de telles pratiques.
Selon lui, si ces élections se déroulent de manière crédible, cela renforcera la crédibilité de l’ensemble du processus électoral, mais si la crédibilité de ces opérations est remise en question, cela nuira à la crédibilité de l’ensemble du processus.
Dans le cadre du calendrier électoral réaménagé, les élections sénatoriales sont prévues pour le 31 mars 2024, tandis que les élections des gouverneurs et vice-gouverneurs auront lieu une semaine plus tard, le 7 avril 2024.
Pour lutter contre la corruption électorale, l’Agence de prévention et de lutte contre la corruption (APLC) travaille en collaboration avec la CENI et a mis en place un numéro vert pour recevoir d’éventuelles dénonciations liées à ces élections.