Nous l’avons appris : le rapport de la Commission instituée par l’Assemblée provinciale du Sud-Kivu pour enquêter sur les spoliations des parcelles et maisons de l’État, mais aussi sur les 10 mètres de rive autour du lac Tanganyika et de la rivière Ruzizi, vient d’être déposé au bureau de l’organe délibérant.
Le dépôt de ce rapport tant attendu par la population du Sud-Kivu est intervenu ce lundi 30 septembre 2024 à l’occasion de la rentrée parlementaire. Contacté, le rapporteur de la commission ayant enquêté sur les spoliations des maisons et parcelles de l’État, le député provincial Jackson Kalimba, a confirmé l’information. Sans vouloir faire trop de commentaires, l’élu de Bukavu indique avoir signé ce rapport conjointement avec le président de la commission, le député Tshishibanji Mukombe Marcellin.
Celui qu’on surnomme à Bukavu « Sauti ya Wanyonge » souhaite réserver la primeur du contenu de ce rapport bien fouillé à l’assemblée plénière.
« Oui, à la date d’aujourd’hui, notre commission a fini le rapport. Nous l’avons déposé au bureau de l’assemblée, et ça revient maintenant au bureau de pouvoir organiser une plénière où nous allons présenter le contenu de ce rapport pour que la population puisse en prendre connaissance. Cette enquête nous a coûté 45 jours et nous avons même travaillé pendant nos vacances parlementaires, » confirme brièvement le député Jackson Kalimba.
Cet élu de la ville de Bukavu se dit content d’avoir contribué à la réalisation de ce gigantesque travail qui va aider la population à avoir une idée claire sur la spoliation des parcelles et maisons de l’État, mais aussi des 10 mètres de rives autour du lac Tanganyika et de la rivière Ruzizi. Il appelle la population à la patience et à la mobilisation pour que ce rapport soit exploité en sa faveur.
« Lors des législatures passées, vous avez appris que des députés se sont tirés la bourre pour conclure un rapport et le présenter, mais nous avons signé ce rapport et nous l’avons déposé. Nous appelons donc la population à suivre de près cette affaire. Nous invitons également nos collègues députés à l’étudier minutieusement pour que ceci soit à l’avantage de la population qui nous a mandatés, » a exhorté « Sauti ya Wanyonge ».
La balle dans le camp du bureau définitif de l’assemblée provinciale
Au Sud-Kivu, le dépôt de ce rapport suscite de l’espoir dans le camp de la société civile, qui salue le travail acharné abattu par la commission. Le bureau de coordination de la société civile, qui était en première ligne pour exiger une enquête sérieuse sur les spoliations des parcelles et maisons de l’État, félicite les élus membres de cette commission.
« Nous commençons par remercier les députés qui ont écouté le souci de la population. Ces élus se sont mis à l’œuvre malgré les conditions difficiles dans lesquelles ils ont travaillé. Nous les avons vus sur le terrain en train de se démener, et ce travail est arrivé au bout. Ça nous honore de voir qu’ils ont déposé ce rapport. Pendant la législature passée, on a connu des rapports qui avaient disparu dans les tiroirs de l’assemblée. Pour nous, c’est une satisfaction de voir que la commission a accepté de finir l’enquête et de présenter un rapport. Que ces élus acceptent nos remerciements, » a soutenu Me Néné Bintu, présidente du bureau de coordination de la société civile, aussitôt après avoir appris la nouvelle.
Pour elle, la balle est désormais dans le camp du bureau de l’assemblée provinciale dirigé par le député Feston Kabeza. La toute-puissante société civile du Sud-Kivu espère que l’organe délibérant ne va pas tarder à organiser une plénière « spéciale » pour déballer ce rapport.
« Nous demandons que le bureau organise une séance plénière spéciale pour déballer toutes les résolutions de ce rapport et les transmettre à qui de droit. Nous savons que la plénière va prendre des décisions, notamment des poursuites contre les spoliateurs. C’est ce que la population attend. On en a marre de ces spoliations, » a martelé Néné Bintu dans une interview exclusive accordée au média LaNouvelleRDC.
Et à Néné d’ajouter :
« Il faut que ce rapport soit débattu en plénière et que l’assemblée puisse prendre des résolutions qui vont dans le sens d’éradiquer ce fléau pour l’avenir. »
Il faut dire qu’à Bukavu, des maisons et parcelles de l’État sont vendues et spoliées à grande échelle. Plus d’une cinquantaine de maisons de l’État ont été spoliées au cours des dix dernières années à Bukavu, et d’autres seraient dans le viseur des spoliateurs pour priver l’État congolais de ses biens.
Le lac Kivu (un bien public) est repoussé à plusieurs endroits où sont érigées des maisons qui, demain ou après-demain, avec le changement climatique, peuvent se retrouver englouties dans le lac. Les 10 mètres de rives, qui sont des espaces protégés, sont vendus sans peur, au vu et au su de tout le monde.
Dans les tout récents rapports publiés par les structures de la société civile, on note que ces spoliations des maisons de l’État se font par et avec la complicité des fonctionnaires payés par l’État congolais. Les plus indexés dans cette pratique sont les agents de l’administration foncière en province, les services de l’urbanisme et surtout les magistrats. Ce rapport paraît être un pas vers l’éclatement de la vérité dans cette affaire.