La ville de Bukavu a connu ce mardi 8 octobre une manifestation des habitants de Nyalukemba et de Panzi qui ont assiégé le bureau de la direction provinciale de la REGIDESO pour réclamer de l’eau potable, devenue une denrée rare dans leurs entités.
Avec des bidons vides en mains, ces habitants ont exprimé leur mécontentement face à la persistance du problème d’approvisionnement en eau dans une majeure partie de la ville depuis des mois. Au niveau de la REGIDESO, le directeur provincial s’est rapidement déployé pour écouter ces habitants venus en colère. D’une oreille attentive, Ignace Ilunga Kabulo a écouté le ras-le-bol des manifestants, promettant ainsi des solutions idoines à un problème qui ne dépend pas de sa propre volonté.
Avec humilité, le responsable de cette entreprise de l’État au Sud-Kivu a brièvement expliqué aux habitants les défis auxquels fait face la REGIDESO dans l’approvisionnement en eau potable. Il a déploré le fait que ce problème, qui dure depuis des années avant même son arrivée au Sud-Kivu, est essentiellement lié à la démographie, qui a presque triplé, avec comme conséquence qu’il y a peu d’eau pour un grand nombre de ménages.
» Aujourd’hui, nous nous sommes réveillés avec une marche sur la ville, et c’est très normal parce qu’en situation de démocratie, la population doit être capable d’exprimer son ras-le-bol lorsqu’il y a un service qui devrait lui être rendu et qui ne l’a pas été de manière satisfaisante. Mais le plus important n’est pas de décrier la carence en eau potable, mais plutôt de se poser la question de savoir pourquoi nous n’avons pas assez d’eau et que devrions-nous faire pour en avoir. Parce que le problème de l’eau à Bukavu n’a pas commencé aujourd’hui. Et la raison est que nous n’avons pas assez investi ici à Bukavu pour que les gens aient de l’eau. Lorsque la population augmente de manière vertigineuse, nous nous retrouvons devant une situation où il y a peu d’eau pour un grand nombre de ménages. Cela va amener des remous dans la communauté. C’est le cas aujourd’hui, malheureusement. Nous avons accueilli avec respect les revendications de notre population, et il nous revient de répondre à leurs préoccupations. Ils ont évoqué plusieurs questions qui sont réelles, et nous avons pris l’engagement de continuer à lutter pour répondre tant soit peu à leur besoin en eau, » a expliqué Ignace Ilunga Kabulo aux journalistes qui accompagnaient les manifestants.
À la question de savoir quelle démarche il a déjà amorcée pour pallier ce problème, le directeur provincial de la REGIDESO a démontré qu’il y a des actions en cours pour améliorer la desserte en eau potable. Pour le cas de Panzi, Ignace Ilunga Kabulo a déploré le fait que sa société n’a plus de contrôle sur l’approvisionnement en eau, malgré tous les moyens investis dans l’amélioration de l’usine de Mazigiro.
En effet, le gouvernement provincial a tout simplement décidé de céder la ligne à une société privée au détriment de la REGIDESO, réduisant ainsi l’intervention de la société d’État, qui semble malheureusement être le répondant devant la population.
Pour le cas de Muhungu et Ndendere, le directeur provincial de la REGIDESO a expliqué que le problème d’approvisionnement en eau potable dans cette partie de la ville ne pourra être résolu qu’avec l’installation d’une nouvelle usine sur la rivière Ruzizi. Tout ceci nécessite de l’argent, selon la REGIDESO.
» La situation va au-delà de ce que certains pensent, parce que nous avons aussi des problèmes à Muhungu, et pour régler ce problème, il nous faut une nouvelle station qui doit être installée au niveau de la rivière Ruzizi. C’est avec cela que nous pouvons résoudre ce problème. Cette station nous demande 1 200 000 dollars, et nous en parlons depuis longtemps, mais nous n’avons jusqu’ici reçu aucun rapport ni du gouvernement, ni des humanitaires. Nous cherchons l’argent, mais nous n’avons pas encore trouvé. C’est l’argent qui va résoudre le problème. Il y a encore des problèmes qui nous perturbent, parce que nous avons un transformateur, un groupe moto-pompe, et les prêtres du centre Amani ont accepté de nous céder une petite parcelle pour que nous puissions accéder au lac et créer une station au niveau de Muhumba. Mais curieusement, nous ne savons pas où passer avec les tuyaux, parce que toute la route de l’avenue Lundula est aujourd’hui asphaltée et aucune canalisation n’a été laissée pour nos conduites. On ne peut pas construire une route sans servitude. Ce sont autant de choses qui prouvent que la problématique de l’eau à Bukavu doit être la préoccupation de tous, » exhorte Ignace Kabulo.
Il a invité les habitants, la société civile, le gouvernement et toutes les parties prenantes à l’accompagner dans sa bonne volonté d’apporter des réponses sérieuses.
» Aujourd’hui, tout le monde sait qu’il y a ces sérieux problèmes. Ce qu’il faut faire aujourd’hui, c’est accompagner le directeur provincial de la REGIDESO dans sa bonne volonté d’apporter des réponses qui tiennent à la problématique de l’eau potable, plutôt que de venir l’empêcher de travailler, » a-t-il clamé.