Le conflit qui a divisé pendant plusieurs jours les pêcheurs de Lukondogolo en groupement de Bushumba et ceux d’Irambira Nord en groupement de Lugendo appartient désormais au passé. Les pêcheurs de ces deux groupements du territoire de Kabare ont décidé de fumer le calumet de la paix après un dialogue social organisé par le curé de la paroisse de Birava ce samedi 30 novembre 2024.
Au cours de ce dialogue qui a connu la participation des représentants des pêcheurs, les responsables des services de sécurité, les chefs locaux et la notabilité du milieu, les parties opposées ont convenu de rouvrir les activités et ainsi permettre la libre circulation des habitants.
Il ressort de ces assises que les biens ( filets, pirogues et autres) ravis de part et d’autres seront restitués pour que les pêcheurs exercent dans la paix dans le respect des lois du pays et que la population continue à avoir à manger.
Le curé de la paroisse de Birava qui a organisé ce dialogue s’est dit heureux de voir les pêcheurs de ces deux groupements franchir cette étape importante de réconciliation qui ouvre la voie au vivre ensemble tel que recommandé par la loi divine.
» Comme église nous sommes appelés à proclamer l’évangile de la paix et de la réconciliation. Dans notre paroisse il y a quelques jours nous avons connu une difficulté sur le lac entre les pêcheurs du village Irambira Nord et Lukondogolo, là nous sommes entre deux groupements différents ( Lugendo et Bushumba). Il y a eu des éléments de l’ordre qui se sont mêlé dans l’affaire, des coups de balles ont été signalés, il y a eu des blessés, des biens emportés de part et d’autres. Et cette situation a fait qu’il y ait tensions entre les habitants et les gens ne pouvaient plus se côtoyer mutuellement. Les élèves ne pouvaient plus passer d’un village à l’autre moins encore les malades. Ça nous a créé un malaise entant que église. Après dialogue entre les différents acteurs et les deux camps, tous ont exprimé ce désir de se rencontrer et nous avons pensé apporter notre contribution comme église locale » a soutenu le Père Jean Rwakabuba Muka, curé de la paroisse de Birava.
Il a salué le climat apaisé dans lequel s’est passé le dialogue remerciant ainsi les uns et les autres d’avoir accepté d’adhérer à la voie du dialogue qui a abouti ce jour à une grande résolution d’ouvrir les portes pour que la circulation de la population soit libre et que chacun soit respecté dans son humanité.
» Le dialogue s’est passé dans un bon climat avec la présence des différentes autorités. Le climat était détendu surtout que nous avons demandé aux services de sécurité que personne ne soit violentée pour ses opinions ou sa dénonciation. On peut retenir que nous venons de mettre en place une commission qui va étudier essentiellement deux questions : la restitution des biens pris de part et d’autres et la question de la prise en charge des blessés. Nous avons également demandé à ce que le ministère qui en charge la pêche puisse réglementer le secteur en donnant avec précision les lois régissent le secteur. Le ministère va nous dire quels sont les filets qui sont autorisés de pêcher dans le respect de l’environnement et quels sont les filets qui sont interdits. Parceque nous nous rendons compte que chaque association des pêcheurs qui cherche à définir les filets à utiliser et ça créé du floue. Nous espérons que nous allons trouver une solution définitive. Les chefs de groupements sont aussi appelés à travailler en harmonie pour aplanir les différents et nous espérons que la paix va revenir » a exhorté le curé de la paroisse de Birava.
Le curé a remercié le député provincial Jackson Kalimba pour voir répondu à l’invitation qui paraît une marque de considération et d’attachement aux valeurs qui promeuvent la paix dans son milieu d’origine.
Ayant participé à la médiation, le député provincial Jackson Kalimba à formulé des recommandations aux uns et aux autres pour que les incidents qui ont été signalés ne reviennent plus. Celui qu’on appelle affectueusement Sauti ya Wanyonge a recommandé la mise en place d’un cadre permanent de dialogue et de concertation entre pêcheurs, services étatiques, société civile et confessions religieuses pour éviter d’autres conflits à l’avenir. Ce dialogue selon Jackson Kalimba devra se tenir chaque fin du mois et servira d’un cadre pour discuter de manière régulière des problèmes des pêcheurs sur le lac Kivu et éviter à ces derniers de vivre opposés alors que la population attend d’eux la nourriture.
» Je remercie le curé qui m’a invité à participer dans ces assises. Nous avons constaté qu’il y a ce conflit qui divise les pêcheurs. Et aujourd’hui nous avons à notre niveau donné des recommandations pour la paix et le vivre ensemble. Vous savez que la justice populaire a élu domilcile dans les deux groupements et nous avons voulu faire comprendre à nos frères qu’il faut un dialogue. Que les gens trouvent le temps de se mettre ensemble chaque fin du mois pour se parler. Nous avons insisté sur le fait que la société civile, les services étatiques et les confessions religieuses doivent rassembler nos frères pêcheurs pour parler des problèmes qui les guettent sur le lac Kivu. Nous avons trouvé que certains cherchent à se rendre justice et défier l’autorité de l’Etat en ravissant les effets des uns et les autres pour les brûler pourtant ils n’en ont pas la qualité. Nous avons donc insisté que l’autorité de l’Etat puisse se faire sentir dans les deux groupements et que chaque service puisse bien jouer son rôle pour ramener la population à l’ordre. Nous estimons que ces assises vont permettre à ce que la paix règne dans les deux groupements. Et nous comme élus, nous allons mener le plaidoyer parceque nous avons compris qu’il y a une pêche illicite ici et ça risque d’amener la population dans une misère demain alors que l’unique richesse qui reste ici c’est la pêche » a soutenu Jackson Kalimba.
De l’engagement des chefs des groupements
De son côté, le chef de groupement de Bushumba a rassuré de sa disponibilité à veiller à la bonne exécution des recommandations de ces assises. Benjamin a promis de veiller au strict respect des résolutions du dialogue pour maintenir la cohabitation entre les habitants de Bushumba et ceux de Lugendo qui pour le reste sont censés vivre ensemble.
» Premièrement je remercie le curé qui a pensé que nos populations de Lugendo et Bushumba doivent cohabiter. Maintenant il y a des pistes de solutions assorties et nous sommes prêts à les respecter. Nous attendons le travail de la commission qui vient d’être créée pour assurer le suivi. Nous espérons que ça va nous permettre de trouver une solution adéquate. Chacun a vu ses responsabilités et nous espérons que les différents conseils qu’on a réussi ça va aider à nos populations de cohabiter comme au paravent. Nous mêmes nous entant que chefs des groupements nous avions ce souci de voir la circulation se rétablir entre nos habitants et aujourd’hui je crois que la population est entrain de s’apaiser par rapport à ça. Dès aujourd’hui ensemble avec mon collègue de Lugendo nous allons nous charger de reguler cette circulation comme au paravent et que les habitants qui quittent Bushumba pour Lugendo et vice versa soient libres de se mouvoir. Nous allons également renforcer la communication entre nous parceque nous avons compris que le manque de communication a influencé cette situation » a martelé Benjamin Cimusa.
La force à la loi
Le commandant des forces armées maritimes a invité les uns et les autres à s’appuyer sur les organes de l’État. Pour lui, il est inconcevable que les comités des pêcheurs se transforment en organes étatiques allant jusqu’à s’arrêter entre eux.
Pour un petit rappel, depuis plusieurs semaines, les pêcheurs de Lukondogolo en groupement de Bushumba et ceux d’Irambira Nord en groupement de Lugendo vivent à couteau tiré. Ils s’accusent les uns et les autres de ne pas respecter la réglementation de la pêche en utilisant des filets prohibés. Cette situation qui a dégénérée a même occasionné des échauffourées entre pêcheurs sur le lac Kivu jusqu’à entraîner des blessés. Certains blessés graves ont d’ailleurs été admis à l’hôpital général de référence à Bukavu pour des soins. Des pirogues et des filets ont été également brûlés. Cette situation a créé une situation de méfiance entre habitants de ces deux coins allant jusqu’à impacter la cohésion sociale entre les habitants. Les habitants de Lukondogolo ne pouvaient plus fouler leurs pieds à Irambira pourtant ils partagent plusieurs réalités socioéconomiques ( marchés, écoles, églises et autres).