On croirait à un rêve, mais c’est une réalité. Malgré les efforts déployés par le gouvernement provincial et les différentes campagnes menées par la société civile pour protéger les 10 mètres de rive du lac Kivu et son écosystème, un député provincial en cours de mandat s’est tout de même approprié une « parcelle » autour du lac Kivu.
Selon le porte-parole du gouvernement provincial, il s’agit du député Shombere Mibanga. L’élu de Kalehe, sur la liste de l’UNC de Vital Kamerhe, a décidé de repousser le lac de plus de 25 mètres pour s’approprier une parcelle. Sur place, une maison de chantier est déjà érigée sous l’œil complice des services étatiques.
Il n’est pas le seul à adopter cette pratique. Shombere Mibanga a des voisins qui, comme lui, déversent du sol importé d’autres régions dans les eaux du lac, détruisant ainsi l’écosystème et menaçant la pérennité du lac. L’entreprise TRABEMCO est également impliquée dans cette spoliation, selon le ministre provincial de l’Environnement et du Climat vert, Me Didier Kabi.
Lors d’une descente surprise effectuée sur le site de Bwindi, en commune de Bagira, le ministre Didier Kabi a exprimé son regret de voir que des personnes censées être des protecteurs des biens de l’État ont choisi de les détruire.
« Imaginez si demain il y a une catastrophe ici et qu’on perde des vies humaines. On dira que le gouvernement ne fait rien pour prévenir ? Vous voyez cette maison ? On vient de m’informer qu’elle appartient à un député provincial de ce mandat. C’est honteux que ce soient nos propres représentants du peuple qui nous permettent de faire n’importe quoi. C’est inacceptable », a déploré le porte-parole du gouvernement.
À cet instant, le ministre a ordonné l’arrêt immédiat des travaux sur tout le site jusqu’à nouvel ordre.
« J’ai demandé qu’on arrête tout ce qui se fait ici, le temps que le gouvernement provincial prenne des mesures appropriées pour rétablir la situation », a soutenu Me Didier Kabi.
Le ministre a indiqué que le gouvernement dirigé par le gouverneur Jean-Jacques Purusi va interpeller toutes ces personnes pour qu’elles expliquent quels mécanismes et procédures leur ont permis d’obtenir des titres sur un terrain impropre à la construction.
« La loi est claire concernant les 10 mètres de rive. Pourtant, ici, ils sont à 44 mètres dans le lac. C’est anormal », a dénoncé le porte-parole du gouvernement.
Avant de quitter les lieux, le ministre a ordonné le retrait de la machine qui effectuait le terrassement d’une parcelle sur le site et a annoncé des enquêtes pour identifier tous les propriétaires de ces terrains et les services techniques de l’État ayant participé à l’octroi des titres sur ce site.
La Nouvelle RDC est entrain d’entrer en contact avec le député incriminé pour sa réaction, mais les efforts n’ont pas encore abouti