En référence aux recommandations issues des assises entre les experts de deux Gouvernements (Sud-Kivu et Nord-Kivu) tenues en dates du 27 et 28 décembre 2024 à Bukavu sur les mesures de protection du Parc National de Kahuzi-Biega dans le cadre de la Coopération Interprovinciale, le Gouverneur militaire du Nord-Kivu et le Gouverneur du Sud-Kivu viennent de décider de mettre en place une stratégie de lutte contre l’exploitation, la commercialisation et le transport des ressources forestières, minières et fauniques issues de ce patrimoine mondial.
Cette stratégie qui rentre dans le cadre de la coopération interprovinciale vise à décourager les actes d’exploitation des ressources forestières et minières du PNKB et ainsi protéger ce joyau qui fait face à une exploitation sans nom de la part des criminels environnementaux.
Au cours d’une conference de presse co-animée par les deux Gouverneurs à Bukavu, ces derniers ont réaffirmé leur ferme engagement à respecter la Constitution de la RDC en ses articles 199 et 204, sur le renforcement de la Coopération Interprovinciale pour l’intérêt et le développement de leur Provinces respectives.
Dans leur déclaration finale faite à la presse sur les assises tenues sur les mesures de protection du PNKB, les deux autorités provinciales ont réaffirmé leur volonté de faire respecter la loi N°14/003 du 11 février 2014 relative à la Conservation de la nature, celle N°011/009 du 09 juillet 2011 portant Principes fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement ainsi que la loi N°011/2002 du 29 Août 2002 portant Code forestier.
Dans son mot, le Gouverneur militaire a salué l’arrêté déjà pris par son collègue du Sud-Kivu portant Protection et Interdiction d’envahissement, d’exploitation, de commercialisation et de transport des ressources forestières et minières issues du Parc National de Kahuzi-Biega. Le Général Peter Cirimwami a promis d’appuyer la mise en application et le respect strict des prescrits de cet arrêté qui s’inscrit dans la logique de la préservation de l’écosystème et de l’environnement.
» Comme vous le savez, son Excellence Monsieur le Gouverneur du Sud-Kivu a signé un arrêté portant Protection de la biodiversité du PNKB. Et comme ce sont des questions partagées notamment la commercialisation des produits qui quittent le parc vers Goma ou Bukavu, nous comme province du Nord-Kivu nous avons l’obligation d’appuyer l’arrêté de son Excellence Monsieur le Gouverneur du Sud-Kivu. En bref, chaque fois qu’il y a des produits qui sont suspectés de provenir du parc, nous avons l’obligation soit si on est alerté d’arrêter ces produits et ensemble nous décidons qu’est ce que nous allons faire de ces produits. Pour le dernier cas nous avons décidé que les produits rentrent au Sud-Kivu pour que les sanctions soient prises et décourager les gens qui ne veulent pas comprendre que la protection de l’environnement est une obligation de tous » a déclaré le Gouverneur militaire du Nord-Kivu.
Celui-ci a réaffirmé sa disponibilité à travailler en connivence avec son collègue du Sud-Kivu étant donné que les deux provinces partagent presque les mêmes réalités. Le Général Peter Cirimwami ne doute pas un seul instant de la réussite de cette coopération interprovinciale car pour lui la volonté et l’engagement de deux côtés sont visibles.
» La chance de réussite c’est la volonté, la détermination et l’engagement. Dès lors qu’on a décidé de se mettre sur la voie de la Coopération Interprovinciale, nous nous sommes donc engagés et nous ne pouvons pas penser à l’échec parceque le commandant suprême qui est le président de la République veut que les provinces qui partagent les questions transversales puissent se mettre ensemble et réfléchir sur le bien-être de nos populations respectives » a soutenu le Général Peter Cirimwami.
Prenant la parole, son collègue du Sud-Kivu a rappelé les motivations qui ont conduit à la signature de cet arrêté portant Protection et Interdiction d’envahissement, d’exploitation, de commercialisation et de transport des ressources forestières et minières issues du Parc National de Kahuzi-Biega. Le Professeur Jean-Jacques Purusi a rappelé les sanctions contenues dans cet arrêté et a exprimé sa détermination à les appliquer à l’encontre de tous les criminels environnementaux. Cependant, le Gouverneur Jean-Jacques Purusi a insisté sur le rôle que doivent jouer les communautés locales dans la protection du PNKB en s’abstenant d’exploiter ses ressources. Le chef de l’exécutif provincial du Sud-Kivu a promis de mener un audit de l’aide internationale autour du parc qui semble ne pas profiter aux communautés locales
» L’arrêté que nous avons pris contient des sanctions. Et par exemple pour l’exportation des produits, l’arrêté prévoit la saisie de l’embarcation et d’autres sanctions qui peuvent aller jusqu’à l’emprisonnement des personnes responsables. La communauté locale doit jouer un rôle déterminant dans ce processus. Et elle doit être impliquée. De l’autre côté selon nos informations, il y a des acteurs internationaux qui ont mobilisé beaucoup des millions des dollars pour appuyer les communautés locales enfin qu’elles ne puissent plus exploiter le parc devenu leur survie, mais encore une fois nous ne voyons pas où est parti cet argent. Les communautés locales ne bénéficient pas réellement de cet argent et tous les riverains continuent à se rebattre sur le parc. Et donc nous allons faire un audit de l’aide internationale autour du parc pour comprendre qui est responsable de quoi et amener chacun à prendre ses responsabilités » a soutenu le Gouverneur Purusi.
Dans cette déclaration finale, les deux Gouverneurs ont indiqué que tous les services affectés aux ports et dans différents lieux publics autour de la chaine des ressources ci-hauts identifiées sont instruits de se déployer, de renforcer la vigilance en prenant des mesures conséquentes pour traquer de manière permanente tous ces criminels environnementaux.
Dans cette logique, les deux Gouverneurs ont indiqué que les opérateurs économiques qui commercialisent les produits forestiers issus des sites non frappés d’interdiction c-à-d des produits qui ne viennent pas du PNKB sont libres de le faire en respectant le code forestier.
Pour ce faure, les services techniques ont été instruits d’exiger aux opérateurs économiques des sites non frappés d’interdiction, de procéder préalablement à : l’identification et l’enquête préalable de la concession devant faire l’objet d’exploitation, à l’élaboration du cahier des charges sous forme d’un acte d’engagement de l’exploitant sur le respect du code forestier et faire la demande d’un permis de coupe de bois artisanal.
Ces derniers devront également procéder au paiement des taxes suivantes : taxe sur l’agrément, sur le permis de coupe de bois (concession forestière naturelle), sur l’abattage (boisement ou forêt plantés); sur licence d’achat et de vente des braises, sur licence d’achat et vente de bois sciés, de superficie sur la concession forestière, sur la redevance proportionnelle, sur permis de coupe de bois de feu et de carbonisation, d’entreposage, sur le permis de circulation des produits forestiers et enfin, requérir le bordereau d’expédition des produits forestiers.
Les deux autorités provinciales ont enfin convenu de mettre en place le plus urgemment possible, un mécanisme d’alerte rapide, à travers un numéro vert à mettre à la disposition du public afin de faciliter la dénonciation de tous les acteurs impliqués dans l’exploitation et la commercialisation des ressources forestières et minières issues du PNKB.