Le sénateur élu du Sud Kivu, Aristide Bulakali prévient sur la convoitise ougandaise de certains territoires et richesses congolais. Il l’a dit au cours d’un entretien accordé à la rédaction de votre média ce vendredi 03 janvier 2024 depuis Kinshasa.
Dans cet entretien, ce dernier renseigne qu’une délégation de l’assemblée nationale congolaise s’est dernièrement rendue en Ouganda et bien que rien n’aurait filtré, l’élu du Sud Kivu se plonge dans une analyse musclée quant au rôle de l’Ouganda dans la guerre d’agression qui sévit actuellement à l’Est de la RDC.
Selon Bulakali, l’Ouganda joue un double jeu étant plus rusé et plus discret:
«Les ougandais sont les plus rusés et plus nocifs que les rwandais. Là où Kagame est brut et direct dans son agression et son pillage, l’Ougandais est fin. Il pille, agresse, mais fait croire qu’il est avec nous, et que tout le mal vient du Rwanda,» déclare-t-il.
Le sénateur a expliqué comment l’Ouganda contrôle certaines parties importantes du territoire congolais en ayant comme alibi les ADF qui pourtant sont chassés du pays de Yoweri Museveni pour venir déstabiliser la RDC et ainsi justifier la présence ougandaise en RDC:
«Le pire est que l’Ouganda se complaît à refouler ses Adf de son pays pour la Rdc. Il garde Bunagana et tout Rutshuru, vise Beni, Lubero et Ituri. Au fait, il a des prétentions sur tous les territoires à ses frontières. Il veut limiter le Rwanda à Nyiragongo, Masisi et Kalehe ( ce dernier est au Sud-Kivu). Au fait, chacun s’organise pour être proche de sa base arrière. Retenons que ce qu’ils visent, c’est l’Est utile,» a-t-il regretté
Ce parlementaire de la République démocratique du Congo pense que l’une de meilleures solutions serait de soutenir le chef de l’ État congolais qui tient à tout pris à chasser les M23 et d’autres groupes rebelles étrangers oeuvrant en RDC.
«Le mieux à faire, et c’est déjà ce que le President Tshisekedi essaie de faire, est de battre le M23, neutraliser les complicités internes et les infiltrations, isoler davantage le Rwanda, et laisser Museveni face à son double jeu. Là, il n’aura pas d’autre alternative que de revenir à son choix de début, c’est-à-dire faire officiellement les affaires avec la RDC. Mais pour y arriver la SADC doit effectivement jouer son rôle car elle a la logistique et les ressources humaines adaptés. Le Rwanda ne peut pas s’attaquer à un tel arsenal,» a fait savoir Bulakali Aristide.
Pour l’élu du Sud Kivu, le Rwanda ne peut pas tenir une guerre à longue durée sur ses frontières. Parce que l’aventure au Congo n’a jamais fait l’unanimité au sein de son état major, beaucoup d’officiers considérant que ce qui se fait au Congo hypothèque la sécurité du Rwanda à long terme, et que c’est un business d’une oligarchie militaire du précarré de Polpot( Roi Paul )en complicité avec une certaine mafia extérieure. L’autre raison, c’est la crainte du débordement sur le le territoire rwandais et les tensions interethniques à l’intérieur de ses frontières. Ceci pourrait lui être fatal puisque les hutu, majoritaires à 85%, et ses adversaires Tutsi en exil pourraient se mêler à l’affaire. Il sait aussi que l’Ouganda pourrait ne pas s’engager, et que le Burundi, majoritairement hutu, pourrait en profiter pour le fragiliser et lui régler ses comptes
Le sénateur Aristide Bulakali indexe également Washington mais appelle la diplomatie congolaise à bien jouer son rôle pour damer des pions:
«Mais attention. L’essentiel se joue à Washington. À notre diplomatie, par un nouveau narratif, de savoir rassurer l’oncle Sam et ses amis maintenant que la maison blanche change de locataire, et que les démocrates verront les choses de loin.»
Une analyse qui en dit long sur la longue expérience politique du sénateur Bulakali Aristide au sein de l’ UDPS.