En République Démocratique du Congo plus particulièrement dans sa partie Est, des conflits et les crimes de masse ont été enregistrés pendant plus d’une décennie. Depuis 1993, la guerre et ses conséquences ont engendré un nombre incalculable de victimes. Les populations du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et même des régions auparavant intactes comme le Bandundu ou le Nord de l’Équateur, continuent de souffrir des séquelles des conflits.
Malgré les multiples appels des acteurs sociaux engagés dans la question de justice transitionnelle, le processus tarde à se concrétiser. Pourtant, la justice transitionnelle apparaît comme une voie essentielle pour restaurer la paix et la cohésion sociale.
A travers l’émission chronique sur la justice transitionnelle organisée en décembre 2024 dernier par le Réseau des journalistes pour la justice transitionnelle section du Sud-Kivu, avec le soutien de Impunity Watch, Jean-Bosco Muhemeri, de la Coalition Congolaise pour la Justice Transitionnelle (CCJT), est revenu sur les enjeux et défis que rencontrent les victimes dans ce processus de justice transitionnelle.
Jean-Bosco Muhemeri a noté que les victimes ne sont pas seulement celles qui ont subi directement les violences, mais aussi celles dont les vies ont été altérées de manière indirecte. Qu’il s’agisse de blessures physiques, psychologiques, ou économiques.
Ces victimes, souvent déconnectées de leurs communautés et réduites à la vulnérabilité, se retrouvent déstabilisées, non seulement physiquement, mais aussi moralement et psychologiquement.
Dans son intervention, Jean-Bosco Muhemeri a démontré que ces victimes sont plongées dans un profond sentiment de honte et de peur, souvent isolées et stigmatisées par leurs propres communautés.
« Ils deviennent méfiants, repliés sur eux-mêmes, et c’est là que la société doit intervenir pour leur redonner confiance », explique-t-il.
Jean-Bosco Muhemeri, qui pilote le groupe de travail sur les garanties de non-répétition regrette que le concept « justice transitionnelle » soit jusqu’à présent méconnu par plusieurs pourtant ce processus englobe des mécanismes judiciaires et non judiciaires en faveur des victimes.
L’autre défi majeur évoqué par cet expert en la matière c’est l’absence de l’autorité de l’État, qui rend difficile l’accès à une justice équitable pour les victimes.
» L’État congolais a du mal à répondre aux attentes sociales de la population, et cela se ressent dans la gestion des dossiers de justice transitionnelle » , confie Jean-Bosco Muhemeri.
Au-delà de tous ces défis, Jean-Bosco Muhemeri a noté quelques progrès au pays avec notamment la mise en place d’un fonds de réparation pour les victimes, FONAREV et l’élaboration d’une politique d’orientation sur la justice transitionnelle avec le soutien des institutions internationales et de la société civile. Celui-ci espère que ces initiatives, bien que récentes, sont des pas importants vers la reconnaissance et la réparation des souffrances des victimes.