Onze ans après l’assassinat du colonel Mamadou Mustafa Ndala, survenu dans une embuscade près de l’aéroport de Beni, dans le Nord-Kivu, le 2 janvier 2014, la mémoire de ce vaillants combattant retentit dans les esprits des congolais.
Figure emblématique des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), Ndala avait été élevé à titre posthume au grade de général.
Ce jour-là, Mamadou Ndala et ses hommes se rendaient à Eringeti dans le cadre de préparatifs pour des opérations contre les rebelles ougandais de l’ADF. L’attaque avait causé la mort de trois personnes, dont deux gardes du colonel, et fait cinq blessés.
Mi-novembre 2014, après plus d’un mois d’audiences à Beni, la cour opérationnelle militaire du Nord-Kivu avait conclu que cet assassinat avait été planifié par des militaires congolais et exécuté par des rebelles ADF.
Le lieutenant-colonel Birocho Nzanzu avait été reconnu coupable de « trahison » et de « complicité avec un mouvement terroriste ». Il avait été condamné à mort et à payer une amende de près de trois millions de dollars en dommages et intérêts.
Reconnu comme son complice, le lieutenant-colonel Kamulete avait écopé de 20 ans de prison. Les majors Ngabo et Viviane Masika avaient été condamnés chacun à 12 mois de prison pour dissipation d’effets militaires et vol simple.
Cependant, de nombreuses zones d’ombre subsistent. Si les autorités avaient initialement attribué l’attaque aux rebelles ADF, plusieurs sources continuent d’évoquer la piste d’un règlement de comptes internes au sein de l’armée.
Bien plus, cet illustre avait joué un grand rôle dans la guerre du M23 en 2013.
Qui est le colonel Mamadou Ndala?
Née à Ibambi dans le territoire de Wamba, le 8 déc 1978, Mamadou Mustafa Ndala grandit dans une famille musulmane, religion qu’il pratiquera jusqu’à sa mort. Il fait ses études primaires à Ibambi, puis des études secondaires à l’institut les Aiglons d’Isiro.
Mamadou Ndala fait son entrée dans l’armée avec l’avènement de l’AFDL, en juin 1997. En 1999, on le retrouve dans les rangs du MLC de JP Bemba. Avec la réunification de l’armée, il passe tour à tour à Nyunzu, Kabalo, Kazimia, Ubwari, puis à Uvira où il est promu colonel.
Il prend alors le commandement du 42e bataillon des commandos des Unités de Réaction Rapide, stationnés à Uvira. Il fait ses preuves en traquant dans les collines d’Uvira le colonel Byamungu en juin 2012. Il est ensuite envoyé à Goma où il se fait rapidement remarquer.
A Goma, il mène des offensives victorieuses contre les combattants du M23. Après avoir gagné la bataille contre le M23, le colonel Mamadou Ndala est envoyé à Beni où sévit le groupe armé ADF, connu pour de multiples exactions sur les populations civiles.
Ce 2 janvier 2014, une embuscade lui sera tendue : une roquette RPG-7 frappe l’avant de son 4×4 et le colonel Mamadou Ndala et 3 de ses gardes du corps sont tués sur le coup. Il sera élevé au grade de général de brigade à titre posthume par le président Joseph Kabila.
Mamadou a été enterré le 6 janvier 2014, à Kinshasa. Il a toujours été considéré comme le héros de la guerre contre la rébellion du M23, car c’est sous son commandement que les FARDC avaient repris leurs lettres de noblesse au Nord Kivu.