Le dimanche 9 février 2025, le Sud-Kivu a été témoin d’une visite symbolique menée par des membres du parti Agissons pour la République (AREP), au centre de Kavumu, une zone récemment secouée par des tensions sécuritaires croissantes. La délégation, conduite par le secrétaire exécutif fédéral intérimaire, Dr Julien Mubalama, a été accueillie par le notable du milieu, Armand Nyangezi, victime de ces atrocités.

Cette visite s’inscrit dans un contexte particulièrement lourd pour la population de Kavumu, récemment victime d’attaques violentes de présumés éléments des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC). Ces événements ont plongé la région dans une profonde crise, marquée par un choc sécuritaire difficile à surmonter pour les habitants. C’est dans ce climat tendu que les membres d’AREP ont choisi de poser des gestes symboliques qui soulèvent des interrogations sur les motivations derrière cette démarche.
Des gestes d’unité ou une instrumentalisation politique ?
L’action de la délégation d’AREP à Kavumu est à la fois perçue comme un geste de solidarité et une tentative de renforcer l’influence politique du parti dans une région en proie à l’instabilité. Dr Julien Mubalama, qui dirige ce parti de Guy Loando en province du Sud-Kivu, a exprimé le soutien de sa famille politique à la population locale dans sa globalité et à ses camarades touchés, en cette période difficile, appelant à la résilience et à la mobilisation pour faire face aux violences armées. Cependant, certains analystes politiques ne manquent pas de souligner la possibilité d’une motivation plus tactique derrière cette visite. En effet, dans un contexte électoral où les partis cherchent à maximiser leur visibilité, cette démarche pourrait aussi être interprétée comme un moyen d’acquérir du capital politique en s’approchant de ses membres de plus en plus.
Une réponse aux attaques présumées des FARDC
Les attaques menées par les forces armées congolaises dans cette région, bien que jamais officiellement confirmées par le gouvernement central, ont enflammé les esprits et ravivé les tensions entre la population civile et les forces militaires. Selon des témoignages locaux, des civils innocents ont été pris pour cibles dans des opérations militaires présumées mal coordonnées, ce qui a exacerbé la méfiance et la peur parmi les habitants. La visite de la délégation de l’AREP pourrait donc être vue comme une tentative de prendre position dans cette guerre des récits, en offrant des paroles de réconfort aux victimes tout en se positionnant comme un acteur soucieux de la paix et de la justice.
Le choc sécuritaire à Kavumu : un défi pour l’AREP
Si la visite des membres de l’AREP à Kavumu vise à montrer une solidarité avec ses membres en pleine tourmente, elle met également en lumière la difficulté pour les partis politiques congolais de maintenir une présence crédible et influente dans des zones aussi stratégiquement et politiquement fragiles. La situation sécuritaire incertaine complique le travail des partis, qui doivent jongler entre soutien réel aux victimes et tactiques politiques pour naviguer dans les eaux troubles de la politique locale.
Le Sud-Kivu, zone de grande instabilité, a toujours été un terrain de lutte pour les partis politiques nationaux, et AREP ne fait pas exception. La fédération du parti, dirigée par Dr Julien Mubalama, voit dans cette crise une occasion d’affirmer sa présence tout en répondant aux préoccupations locales en matière de sécurité. Cependant, le défi reste immense : l’AREP pourra-t-elle réussir à capitaliser sur cette solidarité sans tomber dans l’instrumentalisation politique des souffrances des habitants ?
La visite du parti Agissons pour la République à Kavumu est sans doute un acte de solidarité visible envers des notables traumatisés par des attaques militaires, mais elle soulève également des questions sur les vraies intentions derrière ce geste. Est-ce une réponse sincère aux besoins immédiats des victimes, ou bien une manœuvre politique visant à renforcer la position d’AREP dans un contexte de crise ? Dans les mois à venir, l’issue de cette dynamique pourrait bien influencer non seulement la politique locale du Sud-Kivu, mais aussi le futur du parti AREP dans les élections à venir.