Depuis que la rébellion du M23, soutenue par l’armée rwandaise, a pris la ville de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, des appels se font entendre tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays pour organiser un dialogue national en vue de résoudre la crise sécuritaire qui frappe l’Est de la République Démocratique du Congo.
Dans ce contexte, les Églises catholique et protestante ont lancé des consultations avec les acteurs politiques et sociaux pour initier ce dialogue.
Cependant, cette initiative a été rejetée par le parti présidentiel, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), qui considère que l’Église ne doit pas s’immiscer dans les affaires politiques.
« Tout en soulignant le caractère laïc de l’État congolais, l’UDPS/Tshisekedi note que l’Église n’a pas pour vocation de prendre des initiatives politiques en lieu et place des institutions de la République. Elle demande aux responsables des différentes confessions religieuses exerçant dans notre pays de privilégier, dans leurs homélies, des messages de paix, de cohésion nationale et surtout de respect à l’égard des autorités étatiques légalement établies », indique un communiqué du parti en date du mardi 11 février 2025.
Avant cette réaction du parti présidentiel, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, s’était également montré réticent à l’égard de l’initiative des Églises catholique et protestante.
Selon lui, le président Félix Tshisekedi n’a pas donné de mandat à l’Église catholique ni à l’Église du Christ au Congo (ECC) pour les engager dans leur démarche visant un pacte social pour la paix en RDC.
« C’est une initiative qu’ils portent et qui en est encore à ses débuts. Ils sont allés voir le président, celui-ci les a reçus, mais il est prévu qu’on lui fasse le point par rapport à ce qu’ils attendent de lui. Il faut savoir que le président de la République ne leur a pas donné un quelconque mandat. C’est une nuance de taille. Ils ont rencontré le président, ils avaient des propositions, mais il ne leur a donné aucun mandat pour l’engager. De toute évidence, comme je vous l’ai dit, ils sont dans les premières étapes de leur démarche visant à établir un pacte social pour la paix, mais personne, même pas le président de la République, ne peut en définir les contours », avait expliqué Patrick Muyaya lors d’un briefing de presse tenu le lundi 10 février 2025.
La Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC) ont une nouvelle fois uni leurs forces et lancé un appel en faveur du projet « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs ». Les deux Églises ont réaffirmé leur engagement à mobiliser la population congolaise en faveur de la paix et à renforcer la cohésion sociale dans un contexte marqué par l’insécurité persistante à l’Est de la RDC, tout en œuvrant pour la stabilité dans la région des Grands Lacs.
Selon les dirigeants de ces deux Églises, ce pacte est le fruit d’un long processus initié par les deux institutions, en réponse à de nombreuses sollicitations provenant de divers acteurs, afin de mobiliser toutes les parties prenantes en vue d’assurer la stabilité effective de la région. Cette démarche inclut même les groupes armés soutenus par des États étrangers.