Le concert qu’animait l’artiste gospel Mike Kalambay, au Stade des Martyrs le samedi 27 juillet, a tourné au désastre. Pas moins de 9 personnes mortes par étouffement et plusieurs dizaines de blessés graves ; ce qui risque d’alourdir le bilan. Un moment de célébration et d’adoration s’est tristement transformé deuil national.
Après ces évènements macabres, l’autorité publique a arrêté des mesures extrêmes, tendant à prévenir des faits similaires. Au terme d’une réunion d’urgence qu’il a animé le dimanche 28 juillet, le ministre de l’intérieur a annoncé que « provisoirement, il a été levé l’option de suspendre toute activité non sportive dans le Stade des Martyrs et le Stade du 20 Mai ».
Un coup dur pour la culture congolaise en général, et particulièrement pour les artistes Ferre Gola et Fally Ipupa, qui prévoyaient offrir à leurs sympathisants une première quinzaine du mois d’août riche en émotions. Du FESTIGOLA, prévu au Stade Tata Raphaël (Stade du 20 mai), au Double Stade des Martyrs de Fally Ipupa, Kinshasa s’attendait à un mois d’août plutôt bouillonnant. Ce qui risque de ne plus être le cas, au vu de cette annonce du Ministre Jacquemain Shabani, sauf retournement de situation.
Les Golois privés du FESTIGOLA et interdits de galer
Après une série de productions en Europe, ponctuée par une note plutôt satisfaisante, Ferre Gola attendait signer son grand retour au pays, en organisant un méga festival qu’il a dénommé le FESTIGOLA.
Organisé à l’initiative de la société de promotion Fy One Way Production, en collaboration avec l’artiste, le FESTIGOLA aurait dû se tenir du 2 au 4 août au Stade Tata Raphael, deuxième sportif le plus spacieux de la ville de Kinshasa.
En trois jours de festivité, le FESTIGOLA promettait d’inviter des artistes congolais de renom, à l’instar de Werrason, ainsi que des artistes étrangers venant notamment de la France, de la Belgique, des Etats-Unis, des Caraïbes, de l’Afrique du Sud, du Cameroun, du Congo Brazzaville, de l’Angola et d’autres horizons.
Au-delà de l’aspect musique, le FESTIGOLA offrirait de l’espace à d’autres délices de l’art congolais, tels que l’art d’Orphée, l’art dramatique, l’art culinaire et l’art de Picasso.
Alors que le Congo pleure ses 9 fils et filles, morts dans un contexte on ne peut plus similaire, le FESTIGOLA, qui ouvrirait ses portes le vendredi prochain, voit ses chances s’amenuir.
Les garanties sécuritaires qu’offraient les organisateurs n’auront donc pas fait le poids devant la prudence de la partie gouvernementale.
Au cours d’une conférence de presse qu’il animait à Kinshasa, le samedi 13 juillet, le Directeur général de Fy One Way Production affirmait avoir pris toutes les mesures afin d’assurer la sécurité de tous les festivaliers ainsi que de tous les participants à cet évènement. L’organisateur prévoyait apprêter un dispositif constitué de 420 agents de sécurité, 16 chiens de garde et 50 autres agents de contrôle pour sécuriser ce cadre ; un arsenal qui s’avérerait plutôt rassurant, n’eût-été le drame survenu au concert du pasteur Mike Kalambay.
Le Double Stade des Martyrs de Fally Ipupa désormais incertain
Le 13 mai, Fally Ipupa annonçait une double production au mythique Stade des Martyrs de Kinshasa, le 10 et le 11 août prochains. Une des plus grandes stars de la rumba congolaise du moment, Fally Ipupa attendait égayer au moins 250 000 mélomanes, dans cet antre dont la capacité d’accueil normale est estimée à 120 000 personnes.
Compte tenu de la culture musicale, qui fait office de religion dans la capitale congolaise, « Aigle » (comme le surnomment ses fans) n’aurait aucun souci à voler plus haut, en battant le record du double acte au Stade des Martyrs.
Malheureusement, l’ancien fils mystérieux du Quartier Latin de Koffi Olomide risque de voir son exploit décalé. Après qu’autant de citoyens y ont perdu la vie, Fally Ipupa est enregistré comme le malheureux prochain utilisateur du Stade des Martyrs, et sans surprise il sera la première victime des mesures restrictives. Et cette fois, il va falloir qu’il endure la plus radicale de toutes : la suspension des activités du genre.
Des mesures excessives ?
La décision du ministre de l’intérieur suscite déjà des controverses dans le milieu des amoureux de la musique ; à Kinshasa notamment. Si pour certains, la prudence dont fait preuve l’autorité publique est justifiée, au vu de la ferveur qui entourera les deux évènements en vue, d’autres pensent qu’il y aurait mieux à faire que d’interdire la tenue de ces activités culturelles, qui auront pour but de vendre en mieux l’image de la culture congolaise.
Tout compte fait, que l’autorité en ait abusé ou non, il convient de rappeler que des quatre récentes productions au Stade des Martyrs de la Pentecôte, ayant réuni plus de 100 000 personnes, deux ont été ponctuées d’un bilan cumulé de 20 personnes décédées.
Pour rappel, au précédent concert de Fally Ipupa, tenu le 29 octobre 2022, 11 personnes ont perdu la vie dans les mêmes conditions que les 9 victimes de la célébration du pasteur Kalambay.
Le renforcement des mesures sécuritaires s’avère donc impérieux, aux prochains évènements.