La sous-délégation du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) au Sud-Kivu a organisé, du 5 au 6 novembre 2024 à Bukavu, un séminaire en faveur des acteurs judiciaires (civiles et militaires) et pénitentiaires de la province, dans le but de favoriser le développement des bonnes pratiques pour désengorger la prison centrale de Bukavu.
L’objectif était de partager les bonnes pratiques et les connaissances afin de garantir le respect et la mise en œuvre des garanties judiciaires pour les personnes privées de liberté.
Au cours de ce séminaire, les participants ont été sensibilisés à leur rôle spécifique dans la promotion et la protection des garanties judiciaires pour les personnes détenues. Ils ont ainsi pu renforcer leurs connaissances des normes de base du DIDH et du DIH, afin de promouvoir un respect accru des standards légaux en matière de protection des détenus, conformément aux dispositions du droit congolais et du droit international.
M. Marie-Bonheur Bahonda, Chef d’équipe de Protection du CICR au Sud-Kivu, se réjoui que les participants aient pris conscience de leur rôle particulier dans la promotion et la protection des droits fondamentaux des détenus.
« L’objectif de ce séminaire était de développer des stratégies en vue du désengorgement de la prison centrale de Bukavu. Nous avons partagé des connaissances pour garantir le respect et la mise en œuvre des garanties judiciaires des personnes privées de liberté. La prise de conscience des participants quant à la surpopulation de la prison de Bukavu et leur volonté de s’impliquer davantage dans le suivi des dossiers des détenus sont déjà un résultat positif. C’est une satisfaction de voir l’implication de tous les acteurs pour trouver des solutions », a-t-il déclaré.
De son côté, Mme Nelly Nseya, représentante du Premier Président de la Cour d’appel du Sud-Kivu, affirme que pour résoudre le problème de surpopulation de la prison, la solution idéale serait la construction de nouveaux bâtiments. En attendant, elle recommande la réduction des détentions préventives et l’amélioration des conditions de vie des détenus.
« La prison centrale de Bukavu a été construite avant l’indépendance, dans un contexte démographique et social différent. La première cause de la surpopulation est la capacité d’accueil insuffisante. Une des solutions prioritaires serait de construire une prison proportionnelle au taux actuel de délinquance. Le désengorgement permettrait aux détenus de vivre dans des conditions plus dignes. Ils sont privés de liberté mais non de leurs autres droits. Avant de construire, il est essentiel de réduire les détentions préventives et d’améliorer la prise en charge des détenus pour éviter les récidives », a-t-elle déclaré.
Notons que plusieurs personnalités ont pris part à ce séminaire, parmi elles les représentants du Premier Président de la Cour d’appel du Sud-Kivu, du Premier Président de la Cour Militaire de Bukavu, et divers acteurs du secteur judiciaire et pénitentiaire.
Selon le CICR, ce séminaire sera suivi d’une réunion de la cellule de détention préventive de deux jours (du 7 au 8 novembre) et d’une visite d’inspection de cinq jours à la prison centrale de Bukavu (du 11 au 15 novembre 2024). Cette visite d’inspection a pour objectifs de contrôler les dossiers physiques de chaque détenu, de vérifier les registres d’écrou et d’hébergement, d’entendre les détenus souhaitant soumettre des doléances à l’autorité judiciaire, et d’identifier les personnes détenues au-delà du délai légal.