La campagne pour la révision constitutionnelle s’intensifie petit à petit en République Démocratique du Congo. Avec le meeting du président de la République Félix Tshisekedi à Kisangani, tout porte à croire que le régime en place, à la tête duquel se trouve l’UDPS, compte procéder à une révision de la Constitution avant la fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel.
Cependant, cette démarche est désapprouvée par plusieurs acteurs politiques et sociaux, en l’occurrence, le consortium des mouvements citoyens et groupes de pression réunis au sein du Bloc Uni pour le Développement (BUDC), qui visiblement n’a pas digéré le discours du premier citoyen du pays, qui semble soutenir la révision constitutionnelle.
À travers une déclaration faite ce jeudi 24 octobre à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, le BUDC s’est dit préoccupé par la détérioration de la situation sociopolitique et sécuritaire du pays, et cela malgré plusieurs promesses données au peuple. Cette structure exprime sa désolation de voir que le chef de l’État, qui avait juré devant le peuple congolais qu’il observerait et défendrait cette Constitution, soit aujourd’hui la personne qui la combat.
« Le BUDC suit avec intérêt la situation sociopolitique et sécuritaire de la République Démocratique du Congo depuis la réélection brillante pour le deuxième et dernier mandat du Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, conformément à l’article 70 de notre Constitution. Néanmoins, le BUDC observe la détérioration de la situation sociopolitique et sécuritaire du pays malgré plusieurs promesses données au peuple congolais par le Chef de l’État. Le BUDC s’aligne derrière la population congolaise qui avait placé sa confiance en un ancien opposant, en remplacement d’un pouvoir réputé dictatorial. Au péril de leur vie, les Congolaises et Congolais ont brisé la peur et exigé des élections démocratiques et transparentes auprès d’un pouvoir dictatorial, élections qui avaient vu le fils d’un ancien opposant être élu président de la République au détriment d’un candidat de la mouvance de l’époque. Conformément à l’article 74, le président de la République élu, Félix Antoine Tshisekedi, avait juré devant le peuple congolais qu’il observerait et défendrait cette Constitution qu’il combat aujourd’hui, qu’il maintiendrait son indépendance et l’intégrité de notre République, et qu’il sauvegarderait l’unité nationale en n’étant guidé que par l’intérêt général du peuple congolais, » lit-on dans cette déclaration.
Le BUDC dit être au regret de constater que depuis le début du deuxième et dernier mandat du président de la République Félix Tshisekedi Tshilombo, sa famille politique affiche clairement des ambitions de procéder au changement de la loi fondamentale alors que la situation sociale des Congolais est au rouge.
« Le taux du dollar américain galope chaque jour, les enseignants et les médecins sont toujours en grève, le chômage des jeunes augmente, l’insécurité grandissante à l’Est du pays, le détournement des deniers publics toujours au rendez-vous, des arrestations d’opposants et de défenseurs des droits humains à la une, etc. Au début de cette manigance, nous pensions que c’était juste une mauvaise communication de certains communicateurs de l’UDPS et que cela n’était en aucune manière l’ambition du Président de la République, comme nous l’avait affirmé le porte-parole du Gouvernement et Ministre de l’information, Patrick MUYAYA. Malheureusement, le discours du président de la République d’hier, mercredi 23 octobre, devant une masse représentative de la population de la province de la Tshopo dans la ville de Kisangani, a affirmé les ambitions de Félix Tshisekedi et de son parti politique, l’UDPS, celle de changer notre Constitution, » regrette le BUDC.
Le BUDC estime que cette tentative est une déclaration de guerre contre la population congolaise qui a payé au prix de son sang pour obtenir cette Constitution.
« Nos parents et frères sont morts pour l’avoir. Les historiens et témoins vivants peuvent bien expliquer à Monsieur Félix Tshisekedi l’origine de cette Constitution, qui est vantée par certaines élites de notre pays. En l’occurrence, le constitutionaliste et professeur André Mbata a qualifié cette Constitution de meilleure au monde. Devenir constitutionaliste, c’est ce que veut, » rappelle le consortium.
Pour le BUDC, l’objectif de Félix Tshisekedi est de déverrouiller l’article 220 de la Constitution, qui limite le nombre de mandats du président de la République à 5 ans renouvelables une seule fois.
Le BUDC s’inscrit donc dans la logique de barrer la route à toute personne qui tentera de « violer » la Constitution, conformément à l’article 64 de la loi fondamentale.
« Le BUDC va user de toute son influence et de toutes ses forces pour barrer la route aux ennemis du peuple congolais. Cette attitude du parti au pouvoir est un aveu d’échec. Le M23 continue à occuper une grande partie de notre territoire national; nous suggérons à Monsieur Félix Tshisekedi de tout faire pour en finir avec l’activisme du M23. Nous rappelons aussi à l’UDPS que lors de leur accession au pouvoir, la RDC n’était pas charcutée comme c’est le cas aujourd’hui. Le social devrait être leur cheval de bataille et non la modification de la Constitution, » prévient-il.
Pour le consortium BUDC, les Congolais ne sont plus naïfs comme le pensent certains politiciens « véreux ».
« Monsieur Félix Tshisekedi Tshilombo et son UDPS jouent avec le feu, » lit-on dans la déclaration du consortium.
Le discours du Président Tshisekedi sur la révision constitutionnelle suscite de vives réactions, et la position du consortium BUDC met en lumière les inquiétudes croissantes parmi les acteurs de la société civile. La crainte d’une manipulation des textes fondamentaux pour prolonger le mandat en cours est légitime, surtout dans un contexte où la situation sociopolitique et sécuritaire demeure fragile.
Il est essentiel de rappeler que la Constitution représente un socle de stabilité et de confiance entre le peuple et ses dirigeants. Les promesses de respecter cette Constitution, faites par le Président, ne devraient pas être prises à la légère. Le BUDC, en exprimant son désaccord, rappelle l’importance de la transparence et de l’engagement envers la démocratie.
Dans un pays où les défis sont déjà nombreux, il est crucial d’éviter toute mesure qui pourrait exacerber les tensions et miner la confiance des citoyens envers leurs leaders. Le respect des engagements constitutionnels est fondamental pour assurer un climat de paix et de coopération.
Ce commentaire vise à exprimer une réflexion sur les implications de la révision constitutionnelle et son impact sur la démocratie en RDC.