Au cours de l’année 2024, l’organisation Partenariat pour la protection intégrée (PPI) a documenté 75 cas d’atteinte à la liberté de la presse à l’Est de la RDC. C’est ce qu’indique Jonathan Magoma, chargé des programmes au sein de cette organisation œuvrant pour la promotion de la paix et la protection des DDH.
Au cours d’une conference de presse animée à Bukavu, Chef-lieu de la Province du Sud-Kivu, le chargé des programmes de PPI a révélé que ces atteintes à la liberté de la presse enregistrées dans l’Est du pays incluent entre autres, des cas d’assassinats des professionnels des médias sans qu’aucune enquête ne soit entreprise, d’arrestations, de poursuites judiciaires contre les journalistes, d’enlevement, de tentatives d’assassinat et de menaces de mort, de pressions fiscales et fermeture de certains organes de presse ainsi que de l’entrave au libre accès à l’information.
Ces différentes atteintes (75) ont été enregistrées dans 4 provinces de la région Est du pays. Ainsi, la province du Sud-Kivu vient en première position avec 34 cas, suivie de celle du Nord-Kivu 21 cas, Ituri 13 cas et la province du Tanganyika vient en dernière position avec 7 cas.
Pour apporter une réponse à ces atteintes ainsi qu’apporter assistance aux victimes de celles-ci, le chargé des programmes de PPI a indiqué que son organisation a fait recours à plusieurs outils et mécanismes. C’est notamment les alertes, les communiqués de presse, les séances de plaidoyer et les campagnes médiatiques.
» Ces instruments avaient pour but non seulement de dénoncer et de condamner ces atteintes, mais également de rappeler à l’Etat ses obligations à respecter ou à faire respecter le droit à la liberté de la presse, à la protéger » a souligné Jonathan Magoma.
Il a rappelé que grâce au projet « Protéger la liberté d’informer en RDC (PROLIR) » exécuté par PPI à l’Est de la RDC, avec l’appui technique d’INTERNEWS, sous le financement de la Coopération Suisse, PPI a pu contribuer à l’amélioration de l’environnement de travail des professionnels des médias à travers notamment des assistances financières et judiciaires dont ont bénéficié certaines victimes selon qu’ils ont été contraints de quitter leur milieu, agressés physiquement pour les uns, et arrêtés, interpellés ou poursuivis en justice pour les autres.
Pour ce qui concerne l’assistance juridique et judiciaire, Jonathan Magoma a indiqué que 6 joumalistes ont été accompagnés en justice à travers les avocats mis à leur disposition par PPI à chaque fois qu’ils étaieni arrêtés, interpellés, ou tout simplement poursuivis en justice a travers des mandats ou convocations émises à leur encontre par des tiers.
Au sujet de l’assistance financière, le chargé des programmes de PPI a informé que 4 journalistes ont reçu chacun une somme d’argent lui permettant de subvenir tant soit peu à ses besoins selon la nature de l’incident dont il a été victime.
» A titre d’exemple, deux journalistes du Sud-Kivu exerçant en milieu rural ont reçu des fonds pour leur relocalisation temporaire à Bukavu pendant un mois après avoir échappé à l’assassinat par des hommes armés dits « Wazalendo ». Ces journalistes sont toujours sous menaces de mort » a soutenu Jonathan Magoma.
Face à ce tableau sombre sur la liberté d’informer, PPI a formulé quelques recommandations aux autorités congolaises, notamment la en application les textes et lois qui promeuvent la liberté de la presse, la tenue des enquêtes sérieuses sur les cas des journalistes assassinés en 2024 et précédemment et enfin l’accord des subventions aux médias en vue de les rendre autonomes et indépendants.
Aux organisations d’appui à la promotion de la liberté de la presse, PPI les a recommandé de prioriser la prise en charge des journalistes en détresse, d’appuyer les formations professionnelles des journalistes en mettant l’accent sur leur sécurité numérique, physique et émotionnelle et d’accompagner les organisations locales dans leurs efforts de plaidoyer pour une liberté de la presse réussie.
Aux journalistes, l’organisation les a invité à toujours veiller à leur sécurité en prenant en compte le contexte changeant dans lequel ils exercent, de veiller au respect de lois du pays et du code d’éthique et de déontologie du journaliste Congolais et d’œuvrer en toute indépendance et en toute impartialité.