Face à la détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est de la République Démocratique du Congo, marquée par l’agression rwandaise sous le label du M23, le Président de la République Félix Tshisekedi n’exclut pas l’option de faire la guerre à son voisin le Rwanda.
Le premier des Congolais donne une fois de plus sa chance à l’option diplomatique pour tenter de régler la crise sécuritaire dans cette partie de la République Démocratique du Congo.
Répondant à la question relative à sa déclaration faite pendant la campagne électorale, selon laquelle « à la moindre escarmouche » il déclarerait la guerre au Rwanda, le chef d’État congolais a confirmé cette au cas où l’aspect diplomatique aurait échoué.
«Oui, mais il y a eu depuis une intense activité diplomatique, pour ne pas dire des pressions sur la RDC pour laisser une chance à la paix. Je n’emprunte pas cette voie par faiblesse, mais avec l’espoir qu’elle aboutira à quelque chose. Les provocations de Paul Kagame, le président rwandais, sont nombreuses, sa manipulation et ses mauvaises intentions ne font aucun doute. C’est la voie de la dernière chance, au-delà de laquelle nous répondrons aux escarmouches, parce que nous en avons les moyens,» a prévenu Félix Tshisekedi au cours d’une interview accordée à nos confrères du journal Le Monde paru samedi 30 mars 2024.
Comme c’est le cas avec certaines personnalités politiques, Félix Tshisekedi juge également « insuffisante » l’implication de la communauté internationale dans la résolution de cette crise. Selon le successeur de Joseph Kabila Kabange, la communauté internationale est complice du comportement du Rwanda.
«Je vais être très dur : c’est de la complicité. Quand on a accusé Kagame de piller les ressources de la RDC, il a affirmé lui-même que ces dernières prenaient la direction d’autres pays et qu’elles étaient transformées là-bas. Ces pays font donc du recel», a-t-il fait savoir.
À la question de savoir s’il pouvait les nommer, Félix Tshisekedi réplique :
« J’ai juste retenu que le Rwanda n’était pas seul responsable des malheurs du Congo.«
À lui de déplorer :
« Savez-vous combien de sanctions il y a eu dans le cas de la Russie et de l’Ukraine ? Je ne sais même plus. À la mort de l’opposant russe Alexei Navalny, il y en a eu 500 prises aux États-Unis. Pour un individu. Au Congo, il y a eu 10 millions de morts. Combien de sanctions contre le Rwanda ? Zéro. Et quand Kagame vient en Europe, on lui déroule encore le tapis rouge« .
En sa qualité de médiateur désigné par l’Union Africaine, le président angolais João Lourenço poursuit les discussions avec Kinshasa et Kigali pour une rencontre entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame en vue de régler pacifiquement la crise sécuritaire. Malgré la bonne volonté de Kinshasa, le pays de Félix Tshisekedi a posé une série de conditions, entre autres le retrait des troupes rwandaises du sol congolais et le cantonnement des rebelles du M23 ainsi que la libération des zones occupées dans la province du Nord-Kivu.
La République démocratique du Congo, dans sa partie Est, fait face à l’activisme des groupes armés étrangers et locaux. Depuis l’année 2021, plusieurs pans de la province du Nord-Kivu sont sous le contrôle de ces rebelles. Ils veulent un dialogue direct avec Kinshasa, un schéma que rejette l’administration Tshisekedi, voulant dialoguer directement avec Kagame, qu’elle considère comme responsable intellectuel.