Au cours de la session extraordinaire convoquée à l’assemblée national le mardi 04 févier, Vital Kamerhe, président de cette chambre du parlement congolais avait appelé les députés nationaux à produire des propositions à soumettre au Président de la République pour résoudre la crise sécuritaire actuelle. Le speaker de la chambre basse du parlement avait bien précisé que la session n’a pas été convoquée pour déclarer la guerre.
Dans le communiqué officiel convoquant les députés nationaux, le rapporteur de cette chambre, l’Honorable Jacques Djoli, avait révélé que cette session portait essentiellement sur l’adoption des stratégies diplomatiques et politiques concertées pour sortir de la crise.
Mercredi 05 février, Vital Kamerhe avait demandé aux élus nationaux d’user de la souplesse car la rébellion avance.
« Nyabibwe est effectivement tombé cette nuit, ils sont à Ihusi, à quelques minutes de Katana, près de la ville de Bukavu. C’est pourquoi je vous ai demandé si nous devons continuer à tourner à rond ou donner la matière au président de la République », avait lâché Vital Kamerhe.
Cette déclaration a été jugée au sien de la population d’incohérente car elle a semé de la panique dans toute la ville de Bukavu et le territoire de Kabare précisément sur la route qui va de Kalehe à Bukavu, toute la journée de ce jeudi 06 février 2025. L’administrateur assistant du territoire de Kalehe, Archimède Karhebwa a contredit cette information à la Radio okapi. Il a porté des éclaircissements disant que les rebelles sont à Nyabibwe, le Centre d’Ihusi et Kalehe Centre sont toujours dans les mains des FARDS et WAZALENDOS.
Négociations entre Tshisekedi et la coalition AFC/M23/RDF
Comme nous l’avons dit dans notre article publié hier sur la désidéalisation de la classe politique, un alibi pour le Rwanda, afin de piller la RDC, le mauvais partage du gâteau à l’union sacrée a créé des aigris, une situation qui a réduit le soutien au Chef de l’état par certains de ses partenaires.
Suite à cette frustration, certains partenaires de Tshisekedi pourraient être prêts au revers du pouvoir en place, d’autres seraient en intelligence avec la rébellion.
En dépit de cette frustration à l’interne du régime, les expropriations des propriétés publiques auparavant détenus par le membre du régime de joseph Kabila a créé d’autres frustrés. D’ailleurs, certains observateurs disent que le ralliement de Nanga à la rébellion du M23 est lié à une expropriation de son gisement minier au Katanga.
Malheureusement la plupart de ces gisements expropriés, seraient exploités par des membres de la famille de l’actuel président. Une situation qui a accentué les tensions de ces frustrés. Si Tshisekedi avait fait un partage équitable, obligé que ces gisements soient utilisés pour l’intérêt public, peut-être que l’actuelle situation serait évitée.
Actuellement il semble ne plus avoir un choix car n’ayant pas d’appui. La communauté internationale ignore les multiples cris d’alarme des congolais, il n’a pas de soutien à l’interne. Les politiciens congolais porteurs de la rébellion semblent avoir décroché un soutien définitif du Rwanda, un pays ayant une couverture consistante de la communauté internationale.
Si l’on manque de soutien à l’interne et à l’externe, aura-t-on encore un autre moyen de sortie de la crise à part la négociation ?
Dialogue nationale, une ambition pour Vital Kamerhe ?
Venant fraîchement de la prison en 2021, Vital Kamerhe avait organisé une tournée dénommée Amani pour sensibiliser les congolais sur un dialogue enfin de résoudre la crise sécuritaire à l’Est de la RDC.
Cette tournée était intervenue après la renaissance du mouvement du 23 mars, M23, mais sera jugée de tous les noms, certains le jugeaient d’un traitre, d’autre le prenaient pour un pacificateur. Le patron de l’UNC se sentirait heureux de voir ce dialogue organisé, ceci pourrait justifier son enthousiasme.
L’organisation d’un dialogue national et les négociations entre les belligérants pourraient être vues comme une réponse à cet appel de Vital Kamerhe de 2021.
La déception de Vital Kamerhe
En 2018, alors que l’opposition était obligé de trouvé une candidature commune, tous ses leaders s’étaient retrouvés à Genève pour tabler sur la question.
À l’issue des discussions, Martin Fayulu était désigné candidat commun de l’opposition, pour faire face à Emmanuel Ramazani Shadary du Front commun pour le Congo, dauphin de Joseph Kabila.
Quelques jours plus tard, Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi s’étaient retirés de cette convention pour constituer leur propre ticket. Après les discussions à Nairobi, il était convenu que Félix Tshisekedi devrait se présenter en 2018 et Vital Kamerhe en 2023, mais au premier mandat son partenaire devrait être son premier ministre. Contre toute attente, cette coalition dénommée CACH (Camp pour le Changement) sortira des élections sans la majorité parlementaire. Vital Kamerhe deviendra ainsi Directeur de cabinet du Président de la république avant d’être condamné dans le dossier 100 jours.
En 2023, Félix Tshisekedi ignore cet accord et se présente pour un second mandat, Vital Kamerhe gagne difficilement la Présidence de l’Assemblée nationale après l’organisation des primaires.
Au sein du Gouvernement, il gagne difficilement trois membres avec une trentaine de députés nationaux. Toute cette lecture de la situation démontre le niveau de déception que pourrait avoir Vital Kamerhe jusqu’au point de ne plus soutenir le président Tshisekedi.
Si on allait plus loin, on dirait qu’il n’a plus rien à faire avec le succès ou l’échec de Félix Tshisekedi car il semble n’avoir pas été bénéficiaire de son succès. Plusieurs personnalités ont toujours reproché à Félix Tshisekedi et sa famille politique le manque de respect des accords. C’est d’ailleurs le cas de la famille politique de son successeur qui semble être le moteur de la crise actuelle.
Le désaccord de Vital Kamerhe sur le changement constitutionnel
Dès le début de la propagande sur le changement ou révision de la constitution de la RDC, Vital Kamerhe se montre sceptique, il n’a jamais donné sa vraie position sur cette question. Ce scepticisme crée des doutes sur son accord dans cette démarche.
L’actuelle crise sécuritaire pourrait être une occasion pour le président de l’UNC de démontrer sa vraie position. Son enthousiasme dans le dialogue entre les belligérants pourrait signifier qu’il n’a pas peur de perdre quoi que ce soit.
Vital Kamerhe, l’architecte de Joseph Kabila
Après la mort de Laurent Désiré Kabila en 2001, Joseph Kabila devient président de la République. Très jeune, sans expérience ni capacité de gestion, il sollicita l’intervention des expérimentés et intellectuels.
Par son intelligence aguerrie, Vital Kamerhe apporta son assistance au jeune président. C’est à partir de là, selon les informations narrées par les informés, que Vital va fabriquer l’identité de l’actuel Joseph Kabila. On dirait qu’il fut un taximan en Tanzanie, puis un élément rebelle au côté de Mzée Laurent Désiré Kabila qui deviendra son père adoptif après la mort de son père biologie.
Par son intelligence, Vital Kamerhe aidera à changer Hyppolite Kanambe en Joseph Kabila sous l’arbitrage du Rwanda et la couverture des impérialistes. C’est pourquoi il est l’architecte de Joseph Kabila, auparavant Hyppolite Kanambe.
Il reste de savoir si Vital Kamerhe, de par sa déception dans l’union sacrée et le Cach, pourrait être en contact avec son ancien partenaire ou lui tendre la main une fois de plus.
En RDC, tout comme partout au monde, les hommes politiques sont comme des caméléons, ils changent n’importe quand, et surtout qu’ils montrent leurs nouvelles couleurs avec retard. On ne saurait pas dire s’il est déjà en contact avec son ancien partenaire ou pas.
Dialogue national et négociations avec l’AFC/M23 et le Rwanda, que gagne Vital Kamerhe ?
À vous de répondre !